Le mois de février est le mois le plus long de l'année, c'est bien connu. La froidure qui mord, la grisaille qui rampe, la déprime qui ronge. Le mois de février est le mois le plus long de l'année, et ce particulièrement les années bissextiles.

Alors ces années-là surtout il nous faut résister. Nous épauler des quatre coins de l'univers. Nous écrire, nous parler. Nous raconter des histoires. "29 jours", c'est l'entreprise qui tord le cou à ce mois sinistre, qui fait vriller février.


mardi 28 février 2012

28 février - le lien

le lien
J'entretiens une certaine fascination pour tout ce qui est ficelle, corde, liens. J'aime acheter des bobines diverses, de ficelle à rôti, bien blanche, de cordelette huilée, brune, à l'odeur un peu sauvage, ou encore de corde grossière et barbue.
Je possède des mètres et des mètres de cordes de toutes les couleurs, emmêlées, enchevêtrées, dont les bouts émergent parfois du maelström.
Je conserve également dans deux-trois boîtes à chaussure des brins de ces ficelles en bout de course, de segments de lacets, comme cette vieille dame qui possédait une boîte sur laquelle était inscrit « petits bouts de ficelle ne pouvant plus servir à rien ». L'anecdote, rapporté par l'artiste Henri Cueco dans son petit livre savoureux Le collectionner de collections me laisse songeur.

En fin de compte je sais qu'au-delà des ficelles et des cordes, c'est l'idée du lien qui m'intéresse. Qu'est-ce qui créé un lien, comment créé-t-on un lien, quel est la nature d'un lien entre deux personnes, entre un groupe de personnes ? Comment ce lien vit-il, comment l'entretient-on, pourquoi disparaît-il parfois ?
Je sais que « créer du lien » est une expression très à la mode, et ce qu'on met derrière est souvent bien superficiel. Je sais aussi qu'un lien, c'est ce qui relie, mais aussi ce qui attache. Les liens entre les êtres nous rapprochent mais créent aussi des obligations les uns envers les autres. Je sais enfin qu'il y a toutes sortes de liens entre les gens, et que chaque lien est unique et indicible.
Je conçois pourtant cette initiative « 29 jours » comme une œuvre autour du lien. Pas un essai philosophique sur la notion de lien, ni une expérience de création de lien. Juste une action personnelle pour nourrir des liens que j'ai avec des connaissances, des proches, des amis.

Des gens ont été amusés, intéressés, motivés par les brèves quotidiennes du mois de février. D'autres ont été indifférents, voir importunés et me l'ont dit. C'étaient en général des gens avec qui je n'avais qu'un lien très lointain. Ce qui me conforte dans l'idée qu'on ne créé pas du lien artificiellement, ni unilatéralement.
D'autres enfin m'ont écrit que ces textes, les miens et ceux des autres contributeurs, leur avaient remonté le moral dans une période difficile. J'étais très touché de lire cela.

Je me dis que mes petits bouts de ficelle peuvent encore servir à quelque chose.
Jean-Charles

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