Le mois de février est le mois le plus long de l'année, c'est bien connu. La froidure qui mord, la grisaille qui rampe, la déprime qui ronge. Le mois de février est le mois le plus long de l'année, et ce particulièrement les années bissextiles.

Alors ces années-là surtout il nous faut résister. Nous épauler des quatre coins de l'univers. Nous écrire, nous parler. Nous raconter des histoires. "29 jours", c'est l'entreprise qui tord le cou à ce mois sinistre, qui fait vriller février.


mardi 9 février 2016

9 février 2016


" La Météo des mots dans le Net …"



Aujourd’hui  9 FEVRIER

« Risque de vagues-submersion «  annoncé par METEO France pour certains départements…..
Au lever, vague submersion dans aujourd’hui… Pas question de me laisser déborder, envahir, engloutir…… Peu à peu j’émerge, puis m’immerge dans aujourd’hui….Ne pas faire de vagues…
Proposer plutôt un programme d’éclaircies, illuminer l’aujourd’hui de ceux que je vais côtoyer, d’un rayon de soleil…
Ma voiture tangue sous l’effet de la bourrasque…Aujourd’hui sera «  tango »…Et pas rock and roll..
L’ordi allumé, je m’amuse de la valse des mails… Ya pas d’air de rumba dans l’air….
Puis, j’embarque mon N+1 dans une danse  acrobatique… en lui faisant  découvrir  l’usage d’une plastifieuse, pour innover, grâce à un jeu, dans  l’animation d’une réunion……  Référence à usage pour art postal…. Surf sur vague personnelle, en pleine immersion professionnelle… Aujourd’hui, je m’amuse…..Et je fais un adepte…… Oser, innover, c’est rassembleur !! sortir les gens de leur cadre, , leur offrir de nouveaux horizons, c’est les élever !!!
Finalement personne ne connait personne, car dans un seul  aujourd’hui, il nous arrive de vivre plusieurs vies… d’être plusieurs en un seul….
Je surfe sur les vagues d’aujourd’hui…. Danger  météo «  vagues-submersion »…
Aujourd’hui ne va pas me submerger… Il faut encore du renouveau pour vivre demain, qui sera bientôt un autre aujourd’hui…
 
Dominique D
 
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BONSOIR, TEXTE POUR CE 9 FEVRIER, BONNE RECEPTION. BIEN CORDIALEMENT; Brigitte
 
Curieuse sensation pour ce 9 février, forte impression, me suis sentie "comme dans un phare" toute la journée.
Les averses, les vents démesuré, la pluie en gros paquets. La tempête à son paroxysme et moi calfeutrée à l'intérieur. Douillette dans mon univers clos à regarder les éléments se déchaîner, je me voyais comme en hauteur à surplomber les mouvements "apocalyptiques" de l'océan tel le gardien d'Ouessant. Bien que sortie plusieurs fois aujourd'hui, partout où je suis allée je ne me suis départie nulle part de ce sentiment.

Ainsi ce matin de ma librairie préférée j'entendais le déluge s'abattre, et l'ambiance m'a semblé alors se resserrer à l'intérieur. Déjà les lecteurs qui farfouillent, flairent, soupèsent les bouquins avec amour se reconnaissent comme membres d'une même famille, mais cette fois à 11 heures c'était une véritable fratrie solidaire qui se formait, ai je perçu. De l'exceptionnel derrière les vitres, au delà de celui contenu en promesse dans les feuillets, et voilà, nous étions réunis autrement par l"évènement.
Un quelque chose de supplémentaire liait les clients. Attendre ensemble l'accalmie pour soritr plutôt que partir indifférrents les uns aux autres, constater au sortir que les écoulements offraient de véritables torrents dans ce bas de rue très pentue, oui, nous étions bien unis différemment. Il ne peut être dit que c'était face à l'adversité car le danger n'était pas réellement là, non, juste autrement dans ce sentiment d'être bien protégés ensemble.
Ce  phare là m'a particulièrement plu car j'étais dans le repaire d'amis des livres !

D'autres instants comme celui-là, alors que ma journée était à la chasse aux provisions ce jour, ont conforté ma posture de gardienne de phare. Le dernier instant et fort plaisant également, vient de voir son terme il y a quelques minutes.

Mon vieil ami Jean Luc était chez moi pour le dîner. Nous nous sommes connus à 20 ans et nous retrouvons toujours avec le même bonheur à converser, philosopher à 60. Aujourd'hui, au delà de nous apporter témoignages, commentaires, effet miroir, sur quelques épisodes de nos expériences de vie. Aujourd'hui donc, les rafales bruyantes rendant ma maison bruissante de partout ont donné une note tout autre à nos échanges. Le verre de vin doux a pris le velouté des coussins où nous étions calés à contre-courant des déferlantes sévissant  autour dans mon jardin. Le moelleux des verres s'est vite répandu dans l'atmosphère, la chaleur de l'amitié s'est répandue luttant contre la froidure extérieure. La gardienne conversant avec son co-équipier complice lors d'épreuves passées, s'est trouvée fort aise de partager ces heures côte à côte avec lui. Ecouter des vrombissements inquiétants, croiser quelques gros grains ne nous ont jamais empêché d'y croire l'un pour l'autre, et d'y être l'un avec l'autre. Ce soir la météo a permis de souligner que l'amitié est un véritable havre de paix lors des moments hostiles et que les gardiens de celui assurent belle lumière pour naviguer en sécurité.

Bientôt l'heure du coucher, peut être y aura-t-il une fois enfouie sous le duvet, quelques agitations dans le pommier devant ma fenêtre de chambre qui me feront dire "que je suis bien dans mon lieu abrité". Quelques étoiles veilleront pour prendre la relève et je me dirai "elles entretiennent la flamme pour guider". Il ne pourra être dit que ce fut une journée sans phare pour moi, que ce 9 février.
 
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Aujourd’hui, changement d’ère.

Question du jour :
« Qui ne bégaie pas en disant « aujourd’hui » ? »

Tous, nous bégayons en disant « aujourd’hui ».
Le mot lui-même bégaie !
Décortiquez-le et regardez. Il est composé de aujour et de hui, une contraction du latin ho die qui signifie « le jour où l’on est ». Aujourd’hui = à le jour le jour où l’on est.
Fallait-il qu’ « aujourd’hui » se répète pour s’ancrer dans le présent, lui qui a l’air de toujours filer vers demain comme nous le rappelait hier Antoinette ?
Ah ! le jour ! Le jour où l’on naît !

A l’oreille, nous passons à l’action ! Et c’est bien là où je voulais en venir, à cette activité fébrile inhérente à aujourd’hui, qui s’épingle dans le présent par un pléonasme et se rue vers le futur (cf Antoinette) tout en s’accrochant au passé, surtout quand il prend le sens de « de nos jours ».
De nos jours, faire est devenu un maître mot.

Les philosophes opposent depuis des siècles (depuis Socrate paraît-il), être et avoir. Le duel est toujours d’actualité. Il a aujourd’hui pour cadre une société mondialisée d’abondance et de dénuement où tantôt triomphent le développement de soi et ses avatars (méditation, thérapies, retour à la terre, changement de vie… je vous laisse poursuivre la liste), tantôt la consommation compulsive, le capitalisme décomplexé et le burn out.
Or aujourd’hui, un troisième larron, et pas des moindres, se jette dans la bagarre : faire. Faire, être et avoir sont de bons amis qui se veulent du mal.
Je trouve assez paradoxal que le règne du faire soit concomitant à la diminution dans la population française, voire mondiale, du nombre de « faiseurs », de producteurs, artisans, ouvriers et paysans. Aujourd’hui, « il faut faire », « faire autrement », « faire avec moins de moyens », « faire faire » et « Tout le monde veut faire », « est invité à faire ». Si à l’école sont promues les pédagogies actives, il y a des domaines où le faire s’impose de manière plus inattendue.
Prenez le yoga par exemple : le yoga statique est en perte de vitesse face au yoga dynamique. Au théâtre, les spectateurs ne sont plus simplement méditatifs mais appelés sur scène pour entrer dans le jeu des acteurs. Certains y ont perdu une chaussure, en se joignant aux danseurs de Robin Orlyn dans We Must Eat Our Suckers With the Wrapper On. Les visiteurs de musée sont également très sollicités. Finie la contemplation des œuvres. Ils deviennent co-commissaires d’expositions – l’écomusée du Val de Bièvre à Fresnes s’en est fait une spécialité – ou co-créateurs d’un work in progress. Dreams have a language de Sylvie Blocher, Corps de masse de Halida Boughriet et Summer Dream de Yoko Ono n’existeraient pas sans les gestes ou les paroles des visiteurs du Mudam de Luxembourg, du musée de Saint-Denis et de la fondation Bullukian de Lyon. Même le téléspectateur, réputé pour sa passivité, quitte salon et canapé pour se faufiler derrière le petit écran. Il court affronter les adversaires de Fort Boyard et de Questions pour un champion. Porte-flamme de la toute-puissance du faire, le téléspectateur en action est alors animé du fol espoir d’être et avoir : de se découvrir lui-même et de gagner des millions.

Je vous livre mes dernières questions tout à trac :
Est-ce qu’aujourd’hui, faire signifierait pas moins produire qu’agir ?
Ne serions-nous pas passés aujourd’hui de l’Âge de nylon (merci à Elsa Triolet pour ce titre collant aux Trente Glorieuses) à l’Âge de faire (merci à la Scop lagedefaire pour le nom programmatique de son journal) ?

A quand l’âge de l’hêtre ? Je vous le demande.
 
Lucile

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